L' idée de compensation en France: 1750 - 1850
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Format: | Buch |
Sprache: | French |
Veröffentlicht: |
Lyon
Éd. l'Hermès
1981
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adam_text | Titel: L idee de compensation en France
Autor: Svagelski, Jean
Jahr: 1981
TABLE DES MATIERES
AVANT-PROPOS 5
L idée de compensation est un nœud actif d échanges concep¬
tuels est une idée frontière, traduit une exigence d ordre et de
réversibilité, est une relation de transitivité généralisée et réci¬
proque (5), a le cercle pour symbole, renvoie à un principe général
de constance et de conservation (6).
I - LE MOT 7
n
- Compensation, dédommagement, analogies
Compensation c est d abord une pratique des échanges. Dans le
Droit Romain c est une pratique commerciale d annulation de
dettes réciproques (7), dans le Code Civil français c est un mode
autonome d extinction des obligations (7), n est pas stricto sensu
un dédommagement (8), n est pas «restitutio in mtegrum» (8).
Affinité de l idée de compensation et de l analogie (10). Analogie
et homologie (11). Les deux analogies. L analogie, théorie des
similitudes proportionnelles, et l analogie, théorie des correspon-
dances similaires ( 12).
14
- Histoire du mot au dix-huitième siècle ¦.¦ . ¦¦.¦
Absence et présence du mot compensation dans les dictionnaires
avec un sens métaphorique aux 18ème et 19ème siècles 4-
Ebauche d un système des compensations (Samuel tormey) (15),
«Ce qu on gagne d un côté on le perd de l autre». Il y a un équili¬
bre des biens et des maux dans la nature (Jean-Bapti^e Robme
(16); le principe de l oscillation universelle (Antoine de La Salle)
(17 le principe des compensations dans les destinées; huma mes
et dans l univers (H. Azaïs) (18). Balzac se moque d Azais (18).
324
II - UNE ORIGINE ET UN MODELE: L ECHANGE ECONOMIQUE.
LA BALANCE 21
Des échanges à l Echange. Du marché au tribunal. Utilisation des
notions de perte et de gain dans le domaine pénal par Aristote,
comme s il s agissait du droit privé (23). Clairvoyance de Nietzsche:
une faute est une dette (25). Le modèle économique est le modèle
inducteur de l équilibre et de la justice (25). La nature est une mère
économe qui fixe des bornes à la dépense, pour Buffon (26). La
nature a un budget pour Goethe (26). Elle ne peut faire faillite.
Le langage de la banque est importé dans le domaine moral.
Maupertuis fait le bilan de l existence (27). Définition de l idée de
compensation par Samuel Formey: «La compensation, en général,
est ce qui arrive toutes les fois qu en perdant d un côté on le
gagne de l autre... les hommes ne gagnent jamais sans perdre et ne
perdent jamais sans gagner» (27). L idée de compensation modifie
l idée de Dieu: il n est plus un architecte ou un géomètre mais un
gestionnaire économe.
III - LE COSMOS, L INFINI ET L IDEE DE COMPENSATION .... 29
Antinomie de la conception newtonienne d un monde infini et
vide et de la conception grecque du cosmos où l idée de compen¬
sation a un sens évident. L équilibre de la nature pour Platon,
métaphysicien des compensations. Le cycle de la génération et
de la destruction.i$Les compensations de la vie et de la mort. Le
Phédon (30). L équilibre de l organisme pour Aristote. Pourquoi
aucun animal à cornes n a une double rangée de dents. «Ce que
la Nature enlève à cet endrpit, elle l attribue aux cornes...» (31).
Aristote, biologiste des compensations.
Impossibilité au 18ème siècle d un système des compensations
sans une critique préalable des axiomes de la mécanique et de la loi
de l attraction universelle (32).
IV - EQUILIBRE, MOUVEMENT ET COMPENSATION 35
La dimension morale de l idée de compensation est masquée par
ses penseurs au 18ème siècle. Ils se veulent des physiciens. Ils
subordonnent l idée de compensation à celle d équilibre (35).
Les deux modèles de l équilibre: Archimède et Hippocrate.
32 S
Equilibre statique et équilibre dynamique (36). Confirmation de
cette distinction dans l Encyclopédie (37). Confusion significative
des deux sens de l idée d équilibre lorsqu ils ne sont pas spécifiés.
Les penseurs des compensations peuvent ainsi se donner l illusion
d être sur le terrain de la mécanique et d être fidèles à Archimède
(38). Citations de Formey, de Robinet et d Azaïs pour confirmer
cela. Mais la dynamique est plutôt la terre natale des compensa¬
teurs. Leur conception baroque de l équilibre (40). Renversement
du principe de d Alembert sur les conditions d équilibre d un systè¬
me (41). L équilibre de mouvement est un équilibre pendulaire
(42). Le concept d oscillation. Importance capitale qui lui est
accordée par La Salle (42). Références indispensables aux travaux
de Huygens sur le centre d oscillation (43). Sa définition (43).
Huygens et Bayle. Celui-ci voudrait être le Huygens des choses
humaines. Son projet: écrire un «De centro oscillationnis moralis».
Réflexions de Bayle sur une répartie d Esope: le monde est un jeu
de bascule (45). Aspect naturel et mécanique (et non providentiel)
des alternations historiques. La géométrie des passions (47).
Toutefois l histoire humaine n est pas tout à fait réductible à une
histoire naturelle. Son sens ne lui est pas complètement immanent
(47). Pour l étude de la nature, Bayle admet la seule validité des
lois du choc des corps. Prééminence du corps le plus fort. Mécani¬
que et tragédie. La nouvelle mécanique est une tragédie politique
(49). Retour au sens de l histoire humaine (50).
V - IDEOLOGIES 51
- Samuel Formey 51
Son embarras devant ce problème philosophique essentiel pour
l idée de compensation: comment des compensations peuvent-elles
être à la fois exactes et mobiles? (51). Il sacrifie leur exactitude.
Il ne sait comment accorder compensation et progrès. Conclusion
de Formey: les vraies compensations sont internes. Son «Ebauche
d un système des compensations» s achève sur un sermon (53).
A force d être assouplies pour tenir compte d exigences contra¬
dictoires les compensations perdent toute signification.
- Jean-Baptiste Robinet 53
Sa conception rigoureuse et statique de l équilibre. «Si le tout
était meilleur, il deviendrait pire» (53). La création a ses lois
propres. Pas de finalité (55). La mécanique des compensations(56).
326
Son fonctionnement cruel et nécessaire: la guerre est un régulateur
démographique, quantitatif et qualitatif. Utilité des animaux
nuisibles. On doit préserver le milieu naturel (57). Robinet sacrifie
la mobilité des compensations à leur exactitude (58). Pessimisme
conservateur de Robinet.
- Antoine de La Salle 58
11 range la nature sous les catégories héraclitéennes du devenir et
de la guerre (58), qui ordonnent également la réalité humaine.
Les fondements des principes de la mécanique ne sont pas à
chercher dans le ciel mais dans l homme. Microcosme et macro-
cosme (59). Le jeu du cerveau contient le secret du fonctionne¬
ment de l univers (60). L équilibre est un processus sériel de
déséquilibres successifs (60). Référence au mouvement d oscillation
pendulaire (61). Conséquences théoriques: insuffisance des lois
newtoniennes du mouvement. Fausseté de la loi de gravitation
universelle. Vérité, au contraire, du principe de l Expansion
universelle (62). Expansion et répulsion. Critique de l axiome de
l égalité de l action et de la réaction (63). Loi lassalienne de l égali¬
té de l action et de la double réaction, car il y a de la spontanéité
et il faut tenir compte du temps. Cette loi explique le mouvement
de l univers (64). Il n y a qu un seul mouvement mais tantôt il est
alternatif, tantôt circulaire (65). Monisme et dualisme. Nécessité
d admettre l existence de Dieu pour éviter l erreur manichéenne.
La physique est dépendante de la métaphysique (65). La Salle
refuse la conséquence possible d une théorie des compensations:
à quoi bon se remuer si tout est compensé? Tous les désavantages
ne sont pas équivalents; certains sont préférables à d autres. La
Salle pense avoir évité les deux écueils du manichéisme et du
matérialisme (67).
La méthode de La Salle consiste dans l emploi de l analogie qui
est une méthode de démonstration circulaire (67). Elle est plus
complète que l analyse qui ne révèle que les différences des choses
(68). Pour La Salle il n y a rien d insignifiant. Tout est en mutuelle
correspondance. Pas de sens figuré. La métaphore est un mode
privilégié d appréhension du réel (69). L analyse des mots c est
l analyse des choses mêmes. J.B. Gence appelle induction antonine
la méthode analogique de La Salle.
- Hyacinthe Azaïs 70
Affadissement de l idée de compensation chez Azaïs. Jugements
sévères d historiens français de la philosophie (71). Les critiques
327
allemands ont été plus sensibles à l importance des penseurs de la
compensation dans la culture européenne du 18ème siècle (74). Le
système d Azaïs: le sol, Unité, Simplicité, Vérité; la base: l Expan¬
sion; la loi, l Equilibre par compensations (76). Azaïs est plus
unitaire que La Salle: il n y a qu une seule force, l Expansion.
S il y a compressiomc est un effet d expansion (77). Raisons pour¬
quoi Azaïs utilise le couple expansion-compression au lieu du
couple action-réaction. Expansion et compression ont rapport aux
phénomènes élastiques dont la vie fait partie (78). La mécanique
métaphysique d Azaïs. Conception dynamique de l équilibre.
L opposition des contraires ne se produit pas dans le même temps
et dans le même lieu; aussi les compensations ne sont-elles exactes
que si on les envisage globalement (79). Exemple pris dans l exis¬
tence individuelle: on ne peut établir les compensations qu à la
fin. Hylozoïsme d Azaïs (80).
Son optimisme est incontestable mais il n est pas total. L Expan¬
sion c est la vie mais c est aussi la mort (82). «L homme travaille
sans cesse à mourir» (82).
VI - L ORDRE, LE MAL ET LE PROGRES 85
Nécessité de reprendre la question de l optimisme, du mal, de
l ordre, à travers les profondes analyses de Malebranche et de
Leibniz (85). La question du mal c est la vulgarisation de la ques¬
tion abstraite de l ordre. L ordre vient de l ordre et crée de l ordre.
Il ne peut y avoir plus dans l effet que dans la cause (86). Le
désordre est inintelligible.
- Ordre divin, ordre de la grâce et ordre de la nature (Malebranche).
Nécessité de corrections égalisatrices. Le désordre ordonné 87
Le non-être n est pas le néant (87). La théorie de la négation de
Malebranche est une théorie de l altérité mais non de la contradic¬
tion. Le désordre n est pas de l anti-ordre (88). Dieu peut sembler
agir contre l Ordre, mais il faut distinguer les causes générales
dont l Ordre relève et les causes occasionnelles dont dépend l ordre
de la nature. L action de Dieu est uniforme et peut entraîner
des suites fâcheuses. Originalité de Malebranche: les imperfections
naturelles plaident en faveur de l existence de Dieu (89). S il ne
faut pas suivre l ordre de la nature il faut cependant y avoir égard
(90). Comment expliquer cela? Recours secret à l idée de compen¬
sation. La compensation de la justice universelle, selon Martial
328
Gueroult, domine tout le système de Malebranche (91). Les exi¬
gences de l Ordre sont des exigences de justice ou de compensation
(92). L idée de compensation égalise les différences, justifie la
hiérarchie des qualités inséparables de tout ordre, ordonne l Ordre
lui-même. Compensation entre les attributs divins. Compensation,
loi de Dieu (93). Sa sagesse compense sa toute-puissance. Les
difficultés que rencontre la pensée de Malebranche éclairent
certaines difficultés que rencontrent les penseurs de compensa¬
tions. La philosophie de Malebranche est une philosophie de l ordre
mais non du progrès. Pas de salut historique des hommes pour
Malebranche (95). L idée de compensation qui, appliquée au
domaine social et politique, semble conduire sur des positions
conservatrices, conduit Malebranche sur des positions nuancées
en ces domaines. Des conditions d utilisation légitime de la force.
Celle-ci compense l absence de raison et ne vaut que comme
substitut de la raison (96). L attitude à observer envers les puis¬
sances souveraines: le difficile n est pas de les respecter mais de leur
obéir (97). Conditions qui légitiment la désobéissance (98).
- Unité et harmonie, dissymétrie et surcompensation chez Leibniz ... 98
Comparaison entre Malebranche et Leibniz. On peut concevoir,
selon Malebranche, une création qui aurait été plus réussie. Leibniz
ne le pense pas (99). L ordre est sous le désordre. Désordre visible
et ordre caché. Un désordre qui a abouti à un ordre n était pas
un désordre. Lecture régressive de l histoire de la terre, de l ordre
et du désordre du monde (100).
La question du mal est une double question, d essence et de sens
(101). Priorité de la question du sens à laquelle se ramène la
question de l essence. L erreur du roi Alphonse. Son regret de
ne pas avoir été au conseil de Dieu. Erreur de prendre un point
de vue particulier (102). Leibniz et l idée de compensation. Il ne
pouvait, comme juriste, ignorer cette idée (103). Il est toutefois
plus un théoricien des surcompensations que des compensations
exactes (104). On gagne plus que ce qu on perd. Raisons de la
position de Leibniz: la dissymétrie de l Univers (105). La fiction
de l âne de Buridan. Variété et unité chez Leibniz (106). L harmo¬
nie qui définit le tout surcompense les contraires, unité et diversité,
qui le constituent. Il faut raisonner dans les termes de la logique
de l infini au sujet du problème du désordre et du mal (107).
- Optimisme, progrès et compensations *10V;
Sur le sujet de l optimisme les penseurs des compensations ont, J
329
comme il se doit, une position médiane (108), entre l optimisme
maximal (tout est bien), et même minimal (il y a plus de biens que
de maux), et le pessimisme (les maux l emportent sur les biens;
«Nul ne voudrait recommencer sa vie» selon La Mothe-Le Vayer).
Il y a autant de biens que de maux (109).
Déplacement du problème du désordre et du mal avec Rousseau:
il n y a pas lieu de poser le problème sur le plan métaphysique de la
création ( 109). Le problème du mal c est le problème moral du mal.
Il met en jeu l exercice de la liberté humaine. C est un problème
qu il faut poser en termes d histoire ou, plutôt, de politique.
Le problème du mal devient le problème du progrès (110). Analyse
des différentes réponses possibles au problème du progrès par
Kant (111). La solution terroriste. La solution millénariste. La
solution de l abdéritisme. Examen de cette dernière solution selon
laquelle l histoire est une suite de progrès qu annulent de nom¬
breuses rechutes et des retours en arrière. Mendelssohn (112).
Esquisse de la question des rapports de l idée de progrès et de
l idée de compensation chez Condorcet. Pour lui progrès exclut
compensation. Mais il n est pas facile d en exorciser définitivement
le spectre. Inquiétudes de Condorcet quant à une inertie possible
de l histoire (113).
Retour aux penseurs des compensations. Formey sacrifie l idée de
compensation à l idée de progrès; Robinet sacrifie l idée de progrès
à l idée de compensation. La Salle et Azaïs tentent de montrer
qu il y a un progrès possible par le jeu même des compensations
(114). Mais affirmer que des idées ont des rapports positifs entre
elles n établit pas que ces rapports sont vrais (117).
VII - POLITIQUE ET COMPENSATION 119
La Salle et Azaïs, en matière politique, sont des médiateurs, à
égale distance des extrêmes, comme l exige l idée de compensation.
Excellence de ce qui est moyen (119). Préférence pour la troisième
voie (120). Pas de rétrogradation, pas de révolution, des réformes
(121). Examen des idées politiques d Azaïs. Compensation et
Révolution de 1789, et Restauration de 1815, et Journées de
Juillet 1830: le langage de la physique des forces en politique:
l action d une force est d autant plus énergique qu a été plus
vive la répression (compression) qu elle a subie (121). Ordre et
liberté. Il faut compenser l un par l autre (122), et faire l économie
d une révolution inévitable s il y a plus d ordre que de liberté.
330
Azaïs est un libéral modéré. La lutte des classes est inévitable et
d ailleurs nécessaire (123). L organisme social est un organisme
vivant. Rôle régulateur indispensable du prince (124). Principes
de l art politique. Ils se ramènent à l art du pilotage entre des
écueils. La politique de bascule ( 125).
Le système de La Salle et d Azaïs particulièrement relève de l idéo¬
logie au sens que Marx donne à ce terme. Pourquoi l idéologie des
compensations de ces penseurs n a pas été l idéologie dominante
( 126). Essai d une réponse à cette question: pourquoi la deuxième
moitié du XVIIIème siècle a-t-elle vu fleurir l idée de compensation
de façon délibérée en dehors du domaine juridique? Cela est peut-
être en relation avec un changement social d importance et l appa¬
rition d un nouveau type d économie, essentiellement mobilière.
Les analyses de Herbert Lùthy sur ce sujet (127). Fin du cosmos
économique et social. Déclin politique de la justice distributive.
Mise en question des ordres sociaux inhérents à la société de
l ancien régime ( 128). Mais l idée de compensation ne s est pas
accordée avec l attitude conquérante de la Révolution et de l Empi¬
re, non plus qu avec la politique de réaction qui triomphe en
- Europe après 1815 (129).
i L idée de compensation est cependant une idée politiquement
1 majeure au dix-huitième siècle. Elle a inspiré une théorie politique
S de première grandeur, celle de Rousseau, et explique une pratique
diplomatique effective, celle de l équilibre européen ( 129).
«Le Contrat social» de Rousseau est incompréhensible si on ne fait
pas appel à l idée de compensation. Il faut examiner d abord les
idées métaphysiques de Rousseau: elles sont centrées autour de
l idée d ordre, donc autour de l idée de justice, qui sont étroite¬
ment liées à l idée de compensation (131). Ce qu on gagne et ce
qu on perd dans l état civil (132). La nature, si elle reste une
nostalgie, n est plus un regret. Fonction compensatrice du pacte
social (133). L idée de compensation intervient chez Rousseau non
seulement lors de la fondation de la société civile et de la constitu¬
tion du système de législation par lequel elle se conserve mais
encore pour régler les équilibres à observer entre le Souverain et
le Gouvernement, entre le Gouvernement et les Magistrats. Rousseau
et Platon: la géométrie des proportions est la théorie de la politi¬
que, c est la science de la politique (134). Les conditions précaires
d équilibre d un système politique. Il est toujours menacé par
l anarchie et le despotisme. La force de l Etat ne pouvant augmen¬
ter, l art du législateur est de déterminer le point où la force et la
volonté du gouvernement se combinent dans le rapport le plus
331
avantageux. Avec un seul magistrat le gouvernement est énergique
mais la volonté générale est absente. Maximum d un côté, mini¬
mum de l autre. Magistrats nombreux, gouvernement faible mais
bonne représentativité de la volonté générale. Minimum d un côté,
maximum de l autre. On ne peut espérer avoir en même temps des
magistrats nombreux et énergiques. Ce qu on gagne d un côté
on le perd de l autre (135). Ce qui est exigé par conséquent du
législateur est presque au dessus des forces humaines. Ce qu est
un bon législateur: celui qui compense les pertes qu occasionne
l appartenance au corps politique (136). Difficulté de trouver les
bonnes compensations qui permettent à un peuple d être régi par
un système de législation approprié à sa subjectivité, à son nombre,
à sa situation géographique, etc. Combinaison délicate des diverses
compensations qu il faut établir.
Le législateur, régulateur externe du corps politique (136). Excel¬
lence des F.tats également éloignés du trop et du trop peu. Les
compensations y sont plus faciles à déterminer et elles peuvent
y fonctionner de façon plus aisée. La Corse représente à cet égard
un cas privilégié ( 137).
La question de l équilibre politique entre les puissances de l Europe
(138).
C est une idée devenue consciente d elle-même dans les temps
modernes. Elle a été formulée en Italie au XVIème siècle (140), du
fait de son morcellement en Etats indépendants et rivaux. Impor¬
tance de la destruction de la Chrétienté, unité politique et spirituel¬
le de l Europe, au XVIème siècle, qui entraîne la ruine du principe
gothique de la politique (Michel Zimmermann) (141). La Renais¬
sance et la Réforme. La première retrouvant la notion d «impe-
rium» romain a permis d élaborer une théorie de l Etat qui ne le
subordonne plus à un quelconque suzerain, et en fait un absolu.
Ruine du cosmos juridique médiéval. La Réforme brise le lien entre
la politique et la morale. Celle-ci a désormais la conscience comme
seul royaume (142). Désacralisation de la politique. Ruine du
cosmos théologique. Les relations entre les Etats souverains ne
peuvent plus être que de pures relations d intérêt. La politique est
un calcul de forces. L organisation politique internationale résulte
de l équilibre des forces en présence ( 143). Ce principe de l équili¬
bre en politique mérite le nom de classique. Sa consécration par
les Traités de Westphalie en 1648 (144). Belles remarques de
Proudhon sur le sens et la valeur de ces traités. Les traités
d Utrecht de 1713 font apparaître l emploi délibéré du vocabulaire
de la mécanique ( 145).
332
Nécessité des compensations pour rétablir les équilibres politiques
qui se rompent facilement. Le système cynique des co-partages
(148). Les limites du principe de l équilibre ont été bien vues par
Kant(148).
Historiquement le principe classique de la politique ou de la souve¬
raineté des Etats a été contredit par le principe de la souveraineté
des peuples, qui est le principe romantique de la politique (148).
Celui-ci n est pas un principe d équilibre. Analyse remarquable
de Cournot sur ce sujet (149).
VIII- SCIENCE ET COMPENSATION 151
- Bernardin de Saint-Pierre, convenance et compensation 151
L idée d équilibre ne commande pas, pour lui, celle de compen¬
sation. La nature ignore toute norme quantitative (151), toute
égalité mathématique, toute mécanique, toute statique. L idée
de convenance commande celle de compensation (151). Refus
par Bernardin de Saint-Pierre de tout lien nécessaire entre la
cause et l effet: mêmes causes effets différents. Critique généralisée
de la notion de cause efficiente et du mécanisme (153). Critique
de la théorie de l emboîtement des germes (154). La reproduction
est une création (156). La nature n est pas assujettie à un plan
uniforme (157). Critique de Buffon et d une conception architectu¬
rale de la vie et de la nature. La vie c est le mouvement (158). La
nature a un aspect baroque dans les moyens qu elle emploie pour
réaliser des fins d apparence classique. Apologie des causes finales
et des vues synthétiques. Contre les vues analytiques. Contre
l étude des êtres vivants dans des collections, en dehors de leur
milieu naturel de vie (159). Le vivant n est pas une architecture
mais une couleur et une musique. Les consonances. Prééminence
de la forme circulaire pour la vie ( 160). Refus de l univers coper-
nicien et galiléen (161). L univers est fini. Le soleil tourne autour
de la terre. Surabondance de la structure de la terre (162). Le
principe de convenance. L analyse de Leibniz. C est le principe
divin de la création. Il est principe du meilleur (164). Pour Bernardin
de Saint-Pierre il est la clef des opérations de la nature. Un exem¬
ple: le rapport des plantes avec le sol où elles croissent (164). La
logique des convenables n est pas la logique des identiques. Conve¬
nance et harmonie. Convenance et théorie des contraires (165).
Recours à l idée de compensation pour éviter les dissonances et
relier convenance et harmonie ( 167).
333
Bernardin de Saint-Pierre s oppose à Buffon. Erreur de Buffon de
penser que tout ce qui peut être est. On ne peut s attendre à tout
de la part de la nature (170). Discussion de l analyse de Buffon du
bec du Toucan et du pied du cochon (171).
Bernardin de Saint-Pierre est plus botaniste que zoologiste (173).
Référence indispensable aux travaux de Linné (175), mais pour
Bernardin de Saint-Pierre, contrairement à la vision linnéenne
des vivants, la guerre ne caractérise pas leurs relations qui sont
des relations d interdépendance ( 180). Le milieu des êtres vivants
est lui-même vivant (181). Exemple célèbre du fraisier dans un
pot à Paris (182).
La philosophie des compensations pour Bernardin de Saint-Pierre:
pas de déficit dans l univers (182). Pas de jeu à rattraper. Les
compensations ne sont pas nécessaires. Elles sont admirables.
Elles sont belles. Magnificence et superfluité de la nature (184).
- Buffon, unité de plan et compensation 185
Buffon est disciple de Newton ( 185). Son dédain pour la question
pourquoi.
La puissance de la nature est une simple puissance de conservation
(187). Elle travaille sur un plan uniforme, éternel et parfait.
Difficultés apparentes d avoir recours à l idée de compensation:
elle ne semble pas avoir une place dans un tel plan et cependant
elle est présente dans l œuvre de Buffon (188). Le plan sur lequel
travaille la nature est éternel, mais le travail de la nature a une
histoire. La nature n a pas réalisé le plan qui lui a été fixé d une
façon immédiate. Avant que le plan fût parfaitement exécuté, la
nature a fait des ébauches et procédé à toutes sortes de correc¬
tions (189). D ailleurs Dieu lui-même est un Dieu travailleur: il a
mis du temps à créer les choses et les êtres (191). La nature n a pu
être plus rapide que lui. Elle s y est prise en plusieurs fois pour
aboutir au résultat demandé.
L histoire de la nature commence mal, dans le désordre et les
convulsions (192). Les décompensations initiales. Il y a deux
forces primitives à l œuvre dans la nature, la force attractive et la
force expansive (le calorique). Mais en fait il n y a qu une force,
celle de l attraction, qui se diversifie en deux forces égales et de
direction opposée (193). Les compensations sont intelligibles
dans les perspectives du balancement équilibré de ces deux
forces. Compensation et bilan calorique du système solaire (194).
Notre époque est l époque des compensations (195). Les condi¬
tions d équilibre du monde physique sont les conditions mêmes
334
d équilibre du monde vivant (196). La mort et la vie, leur équilibre
(197). La mort est l expression de l instinct de conservation de la
vie (199). Pas d extermination à craindre des espèces les unes par
les autres (200). Les excès des êtres se compensent d eux-mêmes.
Constance de la quantité totale de la substance vivante (201).
L homme est un facteur d équilibration dans le système de la
nature vivante (202). Buffon est contre la nature naturelle, «hideu¬
se et mourante» (202). Symétrie de l attraction et de l expansion,
de la mort et de la vie et de la constitution de l individu en parties
doubles, qui se font face (202). L idée de compensation change
d allure chez Buffon (204). 11 y a d autres compensations que les
compensations macroscopiques et macrocosmiques, des compensa¬
tions moins métriques et plus incertaines, qu il faut comprendre
en termes de sens (204). Il y a même des compensations si faibles
aux frontières de la vie qu elles paraissent inexistantes (206).
Animaux en état de sous-compensation aux confins du monde
(207), aux commencements de la création dont le nouveau monde
offre quelques témoignages. Règne des êtres immondes, ordonné
toutefois par le Kamichi (208). L Unau et l Aï sont des êtres
misérables aux frontières des espèces qui ont de la chair et du
sang. Disparité des intermédiaires (210).
La formule «Tout ce qui peut être est» (210). Ses deux interpré¬
tations contradictoires (211). Première interprétation: le système
des vivants est un système optimal. Les imperfections sont relati¬
ves, et elles sont compensées (212). La nature soumise à la logique
du continu est un génie polymorphe (213). Deuxième interpréta¬
tion: la vie, imperfections qui se perpétuent. Les erreurs de la vie.
Exemple du bec des oiseaux (214). Défaut manifeste du bec
du Toucan (215). La vie et la logique du discontinu.
Il y a des formes vivantes dont les imperfections ne sont pas
compensées (217). Le cas du Dronte. Le cas du Héron (218).
L histoire de la vie c est l histoire d une dégénération fatale. La
vie absente à la fin du monde. Les compensations exactes ont un
temps et un lieu bien déterminés. Il y a une tendance inexorable
de la vie à la décompensation (220).
- Etienne Geoffroy Saint-Hilaire, balancement des organes et compen¬
sation 221
Eloge enthousiaste de Buffon par Geoffroy Saint-Hilaire: Buffon
a expliqué comment Dieu s y est pris pour créer les mondes et
les organiser (221). Le Créateur, en particulier, n a eu qu une
seule idée de l animalité (222). Le pied du cheval et la main
335
humaine (223). Selon Buffon les animaux vertébrés sont construits
sur le même plan. Lorsque le plan est absent si l on descend aux
invertébrés, l unité du monde animal est une unité de fonctions
(224). Geoffroy Saint-Hilaire veut donner les preuves anatomiques
de l unité de plan de la nature. L unité de composition organique
s étendra à l ensemble du règne animal. Son but: trouver les modi¬
fications qui affectent les éléments qui composent un organe et
déterminer la loi de leurs relations. L unité d organisation s étend
aux insectes et à tous les invertébrés. Ils peuvent être considérés
comme des animaux vertébrés (226). Recours à l idée de compen¬
sation par Geoffroy Saint-Hilaire, les raisons de sa présence dans
son œuvre. On peut la déduire de l importance accordée à la notion
d harmonie (227). Problème de toute vision unitaire: les multiplici¬
tés empiriques. L harmonie est la solution de l antagonisme de
l unité et de la variété. Contenu anti-finaliste et anti-vitaliste des
notions d unité et de variété pour Geoffroy Saint-Hilaire: unité
c est attraction, variété c est répulsion. L harmonie résulte du jeu
mécanique de ces deux forces contraires (228). Les compensations,
pour Geoffroy Saint-Hilaire, sont des mécanismes de correction
automatiques qui concourent à produire l harmonie dans les êtres
organisés (229). Problème des monstruosités dans leurs relations
avec l unité de composition. Deux sortes de monstres. L idée de
compensation permet de normaliser les monstruosités des ani¬
maux viables. Monstruosités réciproques qui se compensent.
Exemple: l appareil sexuel des taupes (231). Les compensations
internes. Exemple de Coluber scaber. La loi du balancement
des organes. Elle est «la loi générale de la nature vivante» (233).
Elle systématise l idée de compensation qui, dès lors, vaut aussi
bien pour le normal que le pathologique, pour les monstres non-
viables que pour les autres. Elle unifie les langages de la vie. Le
vivant est un monstre achevé (234). Mais l idée de compensation
perd en compréhension ce qu elle gagne en extension. C est avec
Geoffroy Saint-Hilaire que l idée de compensation connaît son
éclat le plus vif dans l ordre de la connaissance du vivant (236).
Limites de cette idée, bien vues par Darwin. Il n y a pas
nécessairement de compensation à la réduction d un organe. Pas
de loi d harmonie préconçue (238).
- Lavoisier, régulation et compensation 239
Réussite de l idée de compensation au prix de sa mort linguistique
et de sa métamorphose. Elle devient une catégorie de la pensée
physiologique. Le concept d homéostasie (240). Ses conditions
336
de possibilité: le concept de milieu intérieur (Claude Bernard) et
le concept de mécanismes régulateurs (Lavoisier). Des régulateurs
à la régulation. Ce que signifie pour Claude Bernard le concept de
régulation (241). Son refus d une conception mécaniste du vivant
et du modèle cartésien de la machine animale (242). Lavoisier
utilise apparemment sans difficulté le terme de régulateur dans
son sens mécaniste de technique horlogère. Un régulateur c est
un mécanisme de fixation des limites d oscillation du balancier
d une montre et de retour régulier du balancier à sa position
initiale. Les trois régulateurs de la machine animale (243).
En fait le modèle de Lavoisier est une machine thermique pour
l explication de laquelle il emploie un vocabulaire ancien et ina¬
déquat. Le vivant est un système d échanges énergétiques (244).
Il possède une régulation interne. Les passions. Les maladies
(245). Lavoisier a rendu possible la généralisation ultérieure du
concept de régulateur. Régulation et compensation. Pas de régu¬
lation sans compensation mais il y a compensation sans régulation:
si le vivant était un pur système de compensations il serait immor¬
tel. Toute vie se défait. La mort y est au travail mais il y a une
régulation du fonctionnement du vivant (247). Retour à Lavoisier:
pourquoi mécanismes régulateurs et compensations sont confondus
par Lavoisier.
L univers est parvenu, selon lui, à un état d équilibre physique et
chimique. Il est un système d échanges invariant. Rien ne se crée,
rien ne se perd, tout se compense.
Sens métaphysique de la balance de Lavoisier (248).
IX - ANTI-COMPENSATIONS 249
- Progrès et compensation 249
Approfondissement des raisons de l échec philosophique de l idée
de compensation et des réponses précédemment données au
chapitre VII.
L idée de progrès est une idée révolutionnaire. Son analyse par
Volney. Elle est antireligieuse et contradictoire de l idée de chute
(252). L idée de compensation est en dehors du débat entre réac¬
tionnaires et révolutionnaires. Réversibilité des compensations,
irréversibilité du progrès. Perfectibilité et progrès (254).
Condorcet refuse la thèse des oscillations pendulaires de l histoire
(255). Continuité de l histoire et de ses progrès. Pas de véritables
régressions historiques (256).
337
L idée de compensation est incompatible aussi bien avec le progrès
conçu comme un développement qu avec le progrès conçu comme
création d un ordre historique original.
Confrontation de l idée de compensation et de l idée de pro¬
grès entendu comme le développement de l ordre chez Auguste
Comte (257). Développement, perfectionnement et progrès.
Pas de perfectionnement illimité de l espèce humaine. Le
progrès est développement (259). Ordre et progrès. Le progrès
ne compense pas le désordre, l ordre ne compense pas l absence
de progrès. Vanité de la troisième voie ouverte, croit-elle, par
l école stationnaire qui cumule les désavantages. Le problème
politique n est pas un problème de compensation mais un pro¬
blème d intégration de l ordre et du progrès (262). Refus d un
principe politique de la lutte des classes. La politique n est pas
la guerre (265). Les espérances d Auguste Comte quant à la solu¬
tion du problème politique ne sont pas fondées sur le système
de consolation impliqué par l idée de compensation. Il y a des
mauvais réglages insurmontables de l ordre politique. Il n y a
pas de solution tout à fait satisfaisante du problème politique.
Il y a des maux historiques incurables qu il faut accepter sans
espoir de les réduire et pour lesquels il n y a pas de compensa¬
tion (266).
- Guerre et compensation 268
Auguste Comte a bien saisi l essence de la Révolution française:
elle est le triomphe de l Absolu dans l histoire et la politique.
Conséquences: le règne de la Terreur. La politique c est la guerre.
Une réflexion de Napoléon (269).
Guerre permanente et révolution permanente (un jugement de
Marx sur Napoléon) (270). Caractère absolu de la guerre révolu¬
tionnaire portée à la perfection par Napoléon. La Terreur, moyen
de guerre; les instructions de Carnot (270).
Les analyses de Clausewitz: opposition des guerres de compensa¬
tion, faites de pulsations régulières de la violence et des guerres de
style révolutionnaire et napoléonien faites de violence poussée à
fond. La guerre absolue. La guerre est un fait politique. Les vingt
ans de victoire de la Révolution ont été des victoires politiques
(274).
La Révolution est la borne tragique de l idée de compensation
(275). Klle inaugure l ère des décompensations conflictuelles et
aussi du progrès sans l ordre. L idée de compensation est histori¬
quement hors jeu (276).
338
- Concurrence vitale et compensation 277
Contradiction entre une loi d équilibre et de compensation et une
loi de lutte pour la vie. Politisation de la nature par Darwin (277).
La lutte pour la vie est un fait universel et un principe universel
d explication. Extermination des vivants les uns par les autres.
Tout vivant est un rescapé provisoire (278). Pas de justice dans
la nature. L équilibre de la nature vivante est momentané et
précaire. Tout ce qui peut être n est pas (contre Buffon). La
contingence radicale de l histoire des êtres vivants. Les grains
de sable de cette histoire (279). Pas de loi de symétrie dans la
nature pour expliquer la présence d organes rudimentaires ou
atrophiés (les mamelles des mâles des mammifères) (280). La
lutte pour la vie avantage les extrêmes et écrase les espèces inter¬
médiaires (281). Elimination des espèces de transition ou espèces
qu on pourrait dire compensatrices.
X - TRIOMPHE ESTHETIQUE DE L IDEE DE COMPENSATION . . 283
L idée de compensation a échappé à un fatal déclin historique car
elle s est trouvé un refuge inviolable dans l œuvre de Balzac qui lui
a assuré l éternité esthétique.
Remarque pénétrante de Bachelard sur Séraphîta (283). Balzac
se veut l émule de Buffon (285). Double démonstration de la
présence nécessaire de l idée de compensation chez Balzac (287).
Première démonstration directe à partir de principes philosophi¬
ques généraux: le monde et la vie révèlent un ordre conservé et
réglé par le jeu alternatif de deux forces contraires. Référence
au principe de l égalité de l action et de la réaction (289).
L axiome de Louis Lambert ou axiome de désorganisation (toute
désorganisation provient de l inégalité de proportion des causes
et des effets), est le corollaire d un axiome d ordre ou de compen¬
sation. Le système des compensations est inaltérable car «l univers
est plein et tout s y tient». Appliqué à l existence individuelle il
explique que « l âme perde en force centripète ce qu elle gagne en
force centrifuge». L axiome de «La peau de Chagrin» en découle:
«La vie décroit en raison directe de la puissance des désirs ou de
la dissipation des idées» (290). Cet axiome exprime l essence
de la vie humaine pour Balzac.
Deuxième démonstration, par l absurde, de la nécessité de recourir
à l idée de compensation. Effets désastreux entraînés pour les per¬
sonnages de son œuvre par leur méconnaissance de la loi des
339
compensations. Des Etudes analytiques aux Etudes de mœurs. Le
doigt de Dieu (291).
Son œuvre illustre, selon Balzac lui-même, l équilibre inflexible
qu il y a entre les crimes et leur châtiment. Rien ne reste impuni
et ne le peut. Le Jugement dernier. Triomphe de l idée de compen¬
sation (292).
CONCLUSION 293
La double généalogie de l idée de compensation, mercantile et
quantitative, juridique et qualitative, explique ses emplois théori¬
ques divergents, ou en tout cas différents. L idée de compensation
est efficace évidemment lorsqu il faut établir des bilans, égaliser
des recettes et des dépenses, équilibrer des quantités. Cette réussite
déteint sur l aspect juridique et éthique de l idée de compensa¬
tion (294).
Etant loi de justice, et parce qu au fond elle est la loi de la justice
même, elle prend une dimension transcendante. Bien que la notion
théologique de la Grâce interdise de confondre la justice de Dieu
avec une justice strictement compensatrice, l idée de compensation
est présente dans la religion. L image de la roue des destinées,
symbole mouvant de la justice divine, est l image mystique de
l idée de compensation. Le Magnificat (294). Mais si la Grâce est
une faveur non due, même dans la religion tout n est pas compensa-
ble. On peut l affirmer aussi pour ce qui concerne l éthique où
l idée de compensation manifeste sa fragilité. Elle a donné naissan¬
ce, en effet, à deux discours contradictoires, l un qui est consola¬
teur et parénétique, et l autre sadique. Si tout est compensable tout
est permis. Sade lecteur de Buffon: l homme est un carnassier (296).
Tout est compensable si tout est compensé. Examen de cette
proposition à la lumière de l opposition exemplaire de Bernardin
de Saint-Pierre et de Buffon. Leur opposition illustre deux emplois
possibles de l idée de compensation, l un qui serait triomphaliste et
finaliste et l autre qui serait heuristique et critique (297). L usage
totalisant de l idée de compensation conduit à une conception
fermée de la nature et à une vision éternitaire d une nature adora¬
ble. Buffon a reconnu, nolens volens, que les compensations incon¬
testables du monde physique ne pouvaient être semblables à celles
du monde vivant (299).
En définitive il n y a pas un emploi universel et univoque de l idée
de compensation. L intelligentv do la complexité des choses ne
340
peut se faire par une formule unique. L idée de compensation
indique un programme de recherche dans certains secteurs nom-
brables, mais tous ne le sont pas. Exemple du vivant. Il relève bien
de la catégorie de la quantité mais aussi de celle de la qualité. 11
a une histoire. Pour être opérante l idée de compensation fait
abstraction du temps. Affinité avec la réversibilité de l espace
(301). Son impuissance devant l irréversible. On ne regagne jamais
ce qu on perd (302).
BIBLIOGRAPHIE 303
INDEX NOMINUM 317
TABLE DES MATIERES 323
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